SESSION 5

Les bioindicateurs dans les reconstructions paléoenvironnementales : complémentarité des signaux, limites et nouveaux développements

Audiard Benjamin^1,2 , Arbez Louis³ , Discamps Emmanuel³

 1 – ArScAn, CNRS - UMR 7041, Paris-Sorbonne Université, Nanterre

2 – LGP, CNRS - UMR 8591, Thiais

3 – TRACES, CNRS – UMR 5608, Toulouse

 benjamin.audiard@outlook.fr

Les approches bioarchéologiques sont en développement croissant, et leur contribution aux sciences paléoenvironnementales permet à affiner la reconstitution des écosystèmes passés, tant pour les périodes anciennes que récentes. La généralisation de ces études met en évidence la complexité des changements environnementaux passés, qui ne peuvent être expliqués par les seuls forçages climatiques. Devant cette complexité, il apparait clairement que la diversité des dynamiques écosystémiques anciennes doit être retracée via des analyses multiproxy combinant divers bioindicateurs (charbons, pollens, microfaune, malacofaune, macrofaune, etc.). Cependant, la diversité des stratégies d’échantillonnage et des approches méthodologiques impliquées dans l’étude de ces bioindicateurs influence fortement les interprétations sur plusieurs plans (e.g. résolution spatio-temporelle, impact anthropique, fiabilité du signal). De plus, la nature biologique de ces archives les rend sensibles à divers processus dépositionnels ou taphonomiques pouvant grandement limiter les interprétations. Chaque bioindicateur possède également une résolution propre et reflète souvent la diversité des paysages à différentes échelles. Enfin, nos connaissances et utilisations des bioindicateurs repose largement sur des données actuelles, et se trouve donc affectée par des biais uniformitaristes (ou d’actualisme). Certaines techniques analytiques indépendantes (par ex. études isotopiques, analyses de micro-usure) offrent néanmoins des outils permettant de tester des hypothèses telles que le conservatisme de niche.

Cette session a pour objectifs :

• De discuter les limites inhérentes aux différentes archives biologiques et aux méthodes de recherche associées.
• De promouvoir l’intérêt des approches multiproxy pour cette période, en particulier celles qui combinent différents bioindicateurs et/ou qui intègrent une analyse multi-échelle (des données globales aux données locales ; des changements à long terme aux variations de forte intensité).
• D’examiner les biais possibles dans les reconstitutions paléoenvironnementales induits par les processus de formation des sites, ainsi que les écueils de l’uniformitarisme dus, par exemple, à l’anthropisation récente de nombreux écosystèmes ou à la forte plasticité phénotypique de certains taxons.

Cette session propose de réunir les différentes communautés intéressées par la diversité des bioindicateurs afin de réfléchir aux manières d’approfondir nos connaissances des paysages et les climats auxquels les sociétés préhistoriques ont été confrontées, et d’améliorer la fiabilité des reconstitutions paléoenvironnementales.

Mots clés : Bioindicateurs, représentativité, actualisme, multiproxy, taphonomie.